2019 : un beau millésime en dépit d’une production enregistrée comme faible
Les premiers coups de sécateurs ont été donnés avec une bonne dizaine de jours de retard par rapport à 2018.
Les mauvaises conditions climatiques du printemps n’y sont pas étrangères : mois de mai pluvieux, venteux, frais, occasionnant un ralentissement de la pousse. Le retard pris en début de saison n’aura jamais été rattrapé.
Une petite récolte
De surcroît, de telles conditions météorologiques au moment de la floraison ont pu être responsables de coulure et de millerandage sur nombre de parcelles.
La sécheresse estivale est venue enfoncer le clou et provoquer la baisse de récolte annoncée de 20% à 25%. « Et cela aurait pu être pire si des orages salutaires n’étaient pas survenus en juillet ! », ajoute Christophe George, oenologue au domaine Comte Peraldi, à Ajaccio.
Anne-Gaëlle Dubreuil-Lachaud, technicienne viticole à la Chambre d’Agriculture de Haute-Corse, précise : « Le Sciaccarellu et le Vermentinu sont les cépages qui ont été les plus impactés ».
Les régions du sud (Ajaccio, Figari, Sartène, Porto-Vecchio), déficitaires en précipitations, en font particulièrement les frais (-25% à -50% de production).
Les vignobles du sud de la plaine orientale, de San Giuliano à Solenzara, ne sont pas en reste. « Irrigués ou pas », signale Christophe Paitier, Directeur oenologue à la cave coopérative d’Aghione. Lequel renchérit : « Les baies et les grappes sont petites, les rendements en jus faibles, et ce pour l’ensemble des cépages ». Les prévisions sont de l’ordre de 25% de récolte en moins.
La Balagne et surtout Patrimonio tirent leur épingle du jeu. Les précipitations estivales ont été plus conséquentes, et les baisses de volumes en blanc sont compensés par la production de rouge, en particulier du Niellucciu. Philippe Rideau, oenologue au domaine Orenga de Gaffory, à Patrimonio, confirme : « On a une jolie récolte, proche de celle de 2018. Légèrement inférieure pour les blancs et supérieure pour les rouges ».
Le retour de la pyrale des agrumes
Côté sanitaire, heureusement, le mildiou et l’oïdium n’ont pas frappé, hormis dans des cas isolés. Seule la pyrale des agrumes (Cryptoblabes gnidiella) s’est montrée offensive. Cet insecte, qui a l’air de vouloir s’implanter dans notre vignoble, « a causé des dégâts importants à Sartène et Figari », souligne Aurélie Patacchini, oenologue-conseil, mais aussi à Patrimonio et ponctuellement sur la côte orientale.
Dans le meilleur des cas, des traitements spécifiques (bien qu’il n’existe aucune matière active homologuée) et tardifs ont été tentés, avec plus ou moins de réussite. Dans d’autres, les raisins ont été prématurément ramassés. Mais le pire s’est présenté avec des récoltes entièrement détruites ! Les larves se sont attaquées principalement à des cépages tardifs comme la Syrah ou le Niellucciu, mais aussi au Muscat à petit grain et au Vermentinu.
Enfin, on recense cette année encore des préjudices liés aux sangliers, en particulier sur la plaine, la Balagne et le Cap corse. « Et on assiste encore cette année à de fortes attaques de cicadelles des grillures en fin de saison », précise Isabelle Eymard, technicienne viticole à UVIB.
Des premiers vins très prometteurs
Globalement, les bonnes conditions climatiques pendant la maturation ont permis d’obtenir en temps voulu des degrés très corrects, y compris pour les rouges récoltés tard dans la saison (fin septembre – début octobre). Marielle Péril, oenologue-conseil, confirme : « Dans le sud de la plaine on a de beaux équilibres ». Gaël Keck, oenologue à la cave coopérative de la Marana, renchérit : « La maturité est tardive, on a de très jolis rouges sur la fin ».
Les fermentations alcooliques et malolactiques se sont déroulées sans problème. « C’est du jamais vu ! », s’enflamme Philippe Rideau.
Les blancs et rosés sont frais et équilibrés. Les rouges sont concentrés, avec une belle maturité phénolique.
En conclusion, 2019 est un beau millésime en dépit de sa faible production.